Article publié le 2009-10-08 par C.M.K. Economie
Tchad : Sur la route de l'espérance [10/2009]
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Pays très étendu puisque sa superficie est de 1.284.000 km², situé à l’intersection de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et au nord du continent, il jouit d’une situation géostratégique importante.

Le désert du Sahara qui le constitue sur une grande partie du territoire fait du Tchad un carrefour d’influences diverses.  A la fois arabes et françaises, celles-ci ont expliqué la configuration sociologique et politique de ce pays charnière telle qu’elle se présente aujourd’hui.  Porte d’entrée de la civilisation musulmane par le Nord dès le VIIIè siècle après Jésus-Christ, le Tchad est relié aux régions d’Afrique centrale par la France, laquelle a pu lors d’une colonisation qui s’est achevée en 1960, verrouiller les contours de son empire qui partait d’Afrique, en passant par le Niger, le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon et la République du Congo.  Ce n’est assurément pas par hasard que Brazzaville, centre névralgique de l’Afrique équatoriale Française (AEF) est devenu en 1944, en pleine deuxième guerre mondiale, la capitale de la France libre.  N’empêche que « dès 1940, le gouverneur de l’Afrique équatoriale Française, le Guyanais Félix x décide de rallier le Général de Gaulle.  Le Tchad devient ainsi la première colonie à se joindre à la France libre.  Le pays sert alors de point de départ à plusieurs opérations militaires dans le désert libyen ». (1)  Les incursions militaires des alliés entre autres.

Le gouvernement tchadien hérite ainsi d’une instabilité politique chronique.  Un certain nombre de goulots d’étranglement sont déductibles du clivage Nord – Sud et des difficultés pour une bonne coexistence entre ethnies exacerbées du reste par les différences culturelles et les conditions défavorables dues au climat et à la pression qu’exerce à ses frontières la guerre du Darfour au Soudan voisin.
Une autre illustration de l’imbroglio tchadien se trouve dans l’externalité de l’opposition la plus irréductible au Chef de l’Etat.  Celle-ci fait partir, en effet, ses actions armées du Soudan où est basé son état-major. L’évolution politique intérieure et les relations extérieures du Tchad dans la région sont suspendues à cette donne complexe.  Evidemment, les Tchadiens en subissent le contrecoup dans leur existence quotidienne.

Nonobstant, depuis 1990, le Tchad est sorti progressivement du cercle vicieux des coups d’Etat, cela à la fois grâce à une France plus présente au Tchad mais aussi par des efforts d’ouverture politique qui permet un fonctionnement acceptable des institutions en dépit des actions armées entamées ces derniers mois par des opposants extérieurs.
Certes les critiques en cette matière sont parfois acerbes mais leur pertinence doit être étayée par des faits.  De même, en ce qui concerne l’exploitation pétrolière sur le compte de laquelle d’aucuns veulent y percevoir une malédiction pour le Tchad par allusion au phénomène qui semble affecté les pays africains producteurs de pétrole dont les milliards de dollars glissent sur les problèmes sociaux et économiques des populations autochtones comme l’eau de pluie sur le plumage d’un canard.  Les adversaires du Président Deby y souscrivent sans retenue.  Le gouvernement leur oppose trois arguments de poids :

1° Le souci de rentabilisation économique de la manne pétrolière est souligné par la construction d’un oléoduc entre le Tchad et le Cameroun permettant d’acheminer l’or noir dans le Golfe de Guinée, le pays n’ayant pas d’ouverture sur la mer.

2° Dans le cadre de la bonne gouvernance, le pays a accepté depuis 2003 que l’exploitation de son sous-sol soit encadrée par la Banque Mondiale.

3° Un consortium réunissant les géants Exxon, Mobil, Chevron et Petronas exploitent les gisements pétrolifères.  Ils versent à l’Etat tchadien 2 milliards de dollars par an. Et depuis 2006, 70 % du budget total de l’Etat est consacré à la lutte contre la pauvreté.

En ce moment, la conjoncture paraît apaisée, mais le pays tout entier a besoin d’un électrochoc pour conjurer définitivement le cycle de l’instabilité politique. (3)  Gageons que les Tchadiens eux-mêmes prendront la mesure des défis qui se présentent et prépareront leur pays non à un retour à des violences inutiles mais à la pérennité d’une paix de cœur et d’esprit.