Article publié le 2009-10-08 par Momote Kabange Chronique
Faute de mieux, contentons-nous du G 20 ? [10/2009]
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L’espoir est un aiguillon irremplaçable lorsque la déprime gagne du terrain et que les personnes font du sur-place face à des objectifs apparemment inaccessibles.  La sérénité de l’esprit devient alors une valeur incontournable.  C’est tout le sens de l’aphorisme "l’espoir fait vivre ".

Depuis le surgissement de la crise appelée d’abord financière puis au fur et à mesure de la concrétisation de la récession que d’aucuns voulaient encastrer dans d’abstraites formules, cela a mué en dérapage de l’économie réelle, le monde entier braque ses yeux de Chimène vers une autorité mondialisée que constitueraient  les grandes puissances guéries de leur unitéralisme et regroupées autour du système économique capitaliste refondé grâce à « l’attitude plus morale » des acteurs de l’économie mondiale, enfin réconciliés avec le sens premier du libéralisme.   En l’occurrence, le G-20 au dessus duquel plane l’aura messianique de Barack Obama a suscité un certain espoir à l’annonce de sa constitution pour plusieurs raisons : l’évolution de la représentativité au sein du cénacle aux relents hégémoniques avérés auxquels la Russie post-soviétique s’est jointe sur le tard, de 7 puis 8, on est passé à 20 ; l’impression que des Etats dont un certain nombre disposant anciennement d’empires coloniaux et d’autres ayant imposé par une mainmise quasi-totale sur les instances censées réguler les flux financiers internationaux, se sont répandus par machiavélisme pur ou angélisme, à confisquer 88 % des ressources mondiales.  L’extension d’une sorte de droit de regard aux pays émergeants qui émigreront bientôt vers les zones d’ombre des institutions de Bretton Wood (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale), rétablirait aux yeux de la multitude une certaine équité étant donné les capacités économiques et financières acquises et qui pèseront lourdement dans la conduite des affaires internationales. 
Prise in globo, la crise actuelle se résume à la façon dont la mondialisation des moyens et des termes d’un progrès perverti par la marchandisation de ses objectifs a opéré dans l’âme même d’un chacun. D’où la question de savoir si le financement du système capitaliste peut à lui seul expliquer les dérives dénoncées sous une forme incantatoire par des Chefs d’Etats eux-mêmes dépassés par l’ampleur d’un phénomène inimaginable il y a seulement 10 ans.

Suffira-t-il de fermer les paradis fiscaux et de bannir par des lois les parachutes dorés et les rémunérations astronomiques de quelques grands patrons, toutes choses qui ont certes une forte teneur symbolique, pour que le capitalisme soit « moralisé » ?  Est-il juste de prétendre même à la moralisation du capitalisme ?  Laissons au juriste, philosophe politique et sociologue allemand Max Weber l’opinion selon laquelle la santé morale du protestantisme en Amérique du Nord expliquerait là-bas le succès du capitalisme.  Paul Foulquié dans son dictionnaire des philosophes et de leurs doctrines « Quis ? Quid ? » publié aux éditions de l’Ecole, parle du grand penseur : « Après avoir professé aux universités de Fribourg-en-Brisgau et de Heidelberg, il suspend ses leçons et fait aux U.S.A. un séjour durant lequel le spectacle dont il est témoin lui suggère le thème d’un ouvrage célèbre : l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904-1905 ; traduc. franç., Plon 1965.  D’après l’auteur, le capitalisme industriel dont le développement était si rapide dans l’Amérique de cette époque, serait dû, non pas au sens des affaires du monde juif, mais aux calvinistes : travaillant par devoir, leur puritanisme les détournait de dépenser leur gains dans une vie de plaisir, mais au contraire, les poussait à les investir de manière à augmenter la production».

Dommage que depuis l’affirmation de cette thèse de la connivence du capitalisme avec l’éthique protestante, l’énorme machine économique des Etats-Unis connu des ratés comme lors de la crise de 1929 et d’autres péripéties critiques auxquelles ont associe désormais les limites d’un système qui ne participe pas forcément de l’excellence morale des Américains encore que ceux-ci ont, à certains moments de l’histoire contemporaine, donné la mesure d’un genre de vie, d’une éthique sociale où ils apparaissent comme des modèles à suivre.   Pourtant, pas d’anti-américanisme primaire, mais force est de constater que la crise actuelle cristallise sur les Etats-Unis tous les travers récusant tant soit peu la pensée wébérienne en la matière.  Le surendettement de l’Etat américain, depuis belle lurette est couvert par l’exception du dollar – étalon, fiction monétaire à la place de l’or (richesse reconnue depuis des temps immémoriaux).  Tant que sa puissance industrielle et militaire n’avait comme concurrent crédible pas grand monde en dehors du secteur automobile japonais sauf dans une certaine mesure l’Union Soviétique, tout président américain pouvait rouler les mécaniques et pour les Ramina Grobis.  Mais les temps ont changé.  La Chine principalement, pays émergeant dont les dirigeants exigent urbi et orbi le surclassement du dollar comme étalon achètent d’énormes quantités de bons de trésor des Etats-Unis et finance de ce fait leur endettement.

Cependant toutes les Nations du Sud ne sont pas quittes vis-à-vis d’un destin cruel qui les amène à des situations auxquelles ils ne peuvent souvent échapper.  Trop d’inégalités et de contradictions ont plombé les efforts, hélas !, héroïques d’une grande partie de ce qu’on désigne avec condescendance du nom de Tiers-Monde, faute d’aiguillon en face de l’opacité entretenue par quelques groupes financiers constitués en lobby puissants présents partout où se prennent des décisions, bloquent à l’occasion les velléités de contrôle des circuits de la grande criminalité (mafias qui complotent contre les Etats faibles à des fins d’appropriation de leurs ressources naturelles conduisant à d’incessantes guerres civiles).   D’autres challenges pernicieux attendent les pays en développement au sein d’une organisation comme l’OMC où un partenariat sincère tarde à se mettre en place, notamment dans la manière dont leurs produits agricoles sont soumis au dumping, des Etats industrialisés à l’appui duquel est invoqué le sacro-saint libre-échange.

Sans verser dans des généralisations abusives, il faut reconnaître toutefois que l’émergence de tant des  pays d’Afrique et d’Asie se ressent de ces vices exogènes et ce fait réduit du coup l’impact du préjugé selon lequel ces Nations sont condamnées durablement à ne compter que sur l’assistance du Nord.

L’espoir fait vivre surtout que les enjeux sont énormes à l’échelle planétaire et non seulement en termes de sauvetage des Banques et de la relance de l’économie des pays industrialisés que cela soit par la consommation ou l’investissement.  Tout tiendra à moyen terme dans un renversement du critérium des valeurs où l’on verra un être humain finalement réconcilié avec son essence.

La réalité révolutionnaire de demain sera celle de la sortie de l’illusion consumériste sans doute à la base de l’absence de balises sur la voie qui conduit à des comportements économiques responsables.  L’écologie qui postule un changement dans la mentalité de toujours plus est une des activités qui présentent une alternative à l’irresponsabilité et de la déraison.  Autrement dit, le superflu devrait se retirer à la périphérie de notre mode de consommation ou de production pour laisser le x nécessaire occuper le centre.   Ce n’est certainement pas le cas de nos jours.   Les assises du G 20 en ont fait la démonstration.  On s’attendait à ce que les questions de fond touchent aux modalités d’une nouvelle éthique du développement économique et social à savoir l’appui aux politiques énergétiques innovantes (pourtant le président Obama en a fait une des priorités de son administration) ; les promesses faites aux Africains dont le continent représentera quoiqu’on dise un enjeu stratégique majeur dans un avenir proche mais le G 20 à Londres a renvoyé ces préoccupations aux calendres grecques.   Les participants ont fait sans doute un effort salutaire en préférant honorer d’abord les schémas de l’économie classique dont on peut se demander si elle est une science exacte.  Allons ! Ne soyons pas difficile.  Contentons-nous des promesses en attendant des lendemains qui chantent.