Article publié le 2008-11-09 par Par David ILUNGA Santé
Congo-Kinshasa Le recours aux médicaments traditionnels devient fréquent [11/2008]
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L’accès aux médicaments modernes restant l’apanage des populations privilégiées, la médecine traditionnelle dont l’efficacité est avérée peuvent donc permettre au plus grand nombre de se soigner à moindre coût. C’est pourquoi la médecine traditionnelle à base de plantes a fait peau neuve ces dernières années en Afrique en général et en RD Congo en particulier. La pharmacopée traditionnelle est devenue, de nos jours en RD Congo, la panacée pour vaincre nombre de maladies. Devant les coûts très élevés des produits pharmaceutiques modernes, les congolais recourent progressivement vers la pharmacopée. Actuellement, le Congo Kinshasa peut compter une centaine de docteurs tradipraticiens.

Ces derniers ont mis sur le marché beaucoup de produits conçus sur base de plantes naturelles en sirops, baumes, huiles essentielles ou granules pour combattre et guérir les diverses pandémies comme la stérilité, l’impuissance, le diabète, l’hépatite, la méningite, la dysenterie, la tuberculose, le paludisme, les maladies opportunistes du sida, etc. Plus de 300 spécialités de toutes les couleurs sont disponibles dans les boutiques spécialisées, les centres de santé de base, auprès des organisations sanitaires, mais aussi dans les pharmacies ce qui rassure les malades. Pour Martin Kalombo, un patient, « rien qu’en découvrant l’emballage, en lisant la posologie, la composition, le mode d’emploi, la date de validité, on ne peut qu’être confiant ».

Chacun de ces tradipraticiens, selon ses inspirations nomme comme il veut ses fabrications. Par exemple : « Canon de Yaoundé, Enyakata, Enkungula, Efimbola…. ». Pour prouver l’ampleur de cette médecine, ces docteurs se sont regroupés dans deux organisations : l’Union nationale de guérisseurs du Congo ; qui utilisent souvent les plantes naturelles et médicinales et l’Association nationale de tradipraticiens du Congo, qui en transforment pour en faire des produits modernisés en emballage. Cette dernière catégorie se sert de la détection des maladies sur base de la salive avec des microscopes sophistiqués.

Les deux médications sont complémentaires

La méfiance envers les médicaments chimiques de synthèse et leurs effets secondaires est une des raisons qui poussent les congolais à recourir de plus en plus aux remèdes à base de produits naturels et de plantes. Actuellement, près de 70 % de la population font confiance à ces médicaments qu’ils jugent efficaces et propres. La pharmacopée congolaise a connu une avancée remarquable grâce à la modernisation du processus de production des remèdes naturels à base de plantes médicinales. La conservation et le conditionnement des plantes se sont améliorés. La toxicité éventuelle, le dosage mais aussi l’efficacité des médicaments se trouvent au centre des préoccupations des promoteurs.

Cette mutation s’est effectuée grâce à une collaboration étroite entre les scientifiques et le corps médical. « Nous travaillons avec des polytechniciens, des biochimistes et des médecins », révèle Dr Didier Mampasi, président de l’Association nationale de tradipraticiens du Congo. Au bout de la chaîne, la qualité des médicaments est attestée par des laboratoires de référence, notamment ceux de l’université ou du ministère de la Santé. Donc, les deux médications sont complémentaires et leur combinaison prometteuse. Le ministère de la Santé recommande, lui-même, d’allier les deux. Comme les médicaments occidentaux, les produits naturels ont aussi leurs limites. « Ils ne traitent pas les maladies d’urgence, pour lesquelles les médicaments chimiques s’imposent », estime une herboriste Laurence Mbuyi. Agissant plus lentement, les remèdes naturels doivent plutôt être réservés aux traitements de fond.

La découverte de tels avantages ne pourrait-elle pas permettre aux spécialistes d’isoler dans les laboratoires modernes les molécules de ces substances qui portent la propriété curative et qui déboucherait sur la mise au point des produits pharmaceutiques modernes (comprimés, sirop, suppositoires, liquides nasaux, poudres à diluer dans l’eau pour bain, etc...) à ranger dans les rayons des pharmacies et hôpitaux des régions éloignées de par le monde, pour le bien-être des patients ?