Article publié le 2008-08-09 par Cyrille Momote Kabange International
Mc Cain contre Obama : Qui sera l’arbitre ? [07-08/2008]
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La Maison Blanche, à Washington USA

 

 

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Les primaires démocrates américaines avaient mobilisé l’attention des foules américaines et l’opinion publique internationale à telle enseigne que l’élection présidentielle du 4 novembre 2008 n’eut paru plus qu’un dénouement sans suspense, Barak Obama surfant sur le registre du favori auquel le ramdam médiatique confère l’aura d’un futur vainqueur face à un Mc Cain qui donnerait l’impression d’avoir abattu toutes ses cartes.

Le challenge démocrate avait accaparé les esprits à cause de la présence dans l’arène des primaires des deux acteurs à la personnalité asymétrique. L’une est plutôt du genre calculateur, issue de l’establishment d’origine irlandaise (Mc Cain), l’autre (Obama), un métis d’origine africaine, exubérant et habile à jouer la carte de l’unité de la nation américaine face aux défi s qui l’assaillent: ralentissement de l’économie américaine (crise des subprimes, hausse vertigineuse du taux de chômage, le meilleur indicateur de la récession, baisse continuelle du dollar, les conséquences du réchauffement climatique illustrées par les catastrophes naturelles dont le rythme s’est accéléré en différents coins des Etats-Unis…). Il faut signaler particulièrement la détérioration de l’image des Etats-Unis dans le monde liée en grande partie aux affres de la politique étrangère de Georges Bush. Par rapport à l’adversaire comme Mc Cain, républicain bon teint mais se situant en dehors de la mouvance néoconservatrice, Hilary Clinton n’aurait pas été apte à damer le pion au candidat républicain dans le cas ou elle aurait eu à l’affronter lors de l’échéance électorale prochaine en raison de l’énorme place que prend, dans l’opinion américaine en général, la reconquête du leadership à la fois moral, politique et militaire des Etats-Unis dans le monde au moment même ou émergent sur l’échiquier devenu étroit, d’autres puissances telles la Chine, l’Inde ou le Brésil. Le choix démocrate qui s’est porté sur Obama pourrait être compris, de ce point de vue, comme rencontrant une démarche globale des Américains pour se réapproprier une donne historique qui leur échappe de plus en plus, au-delà des clivages d’ordre social, religieux et économique. A l’appui d’une pareille hypothèse, il faut observer que la situation de l’économie américaine bien que préoccupante (les baisses successives des taux d’intérêt par la Banque Centrale américaine illustrent un certain aveu d’impuissance) ne parait pourtant pas immédiatement prioritaire aux deux candidats en lice. Le comportement des agents économiques y est pour quelque chose en prenant exemple sur le discours du Président Bush sur les perspectives encourageantes de l’économie, n’a pas intéressé grand monde. Les grands médias américains n’y ont d’ailleurs pas consacré des manchettes. Aux States, l’extérieur précède l’intérieur A contrario, les deux adversaires agissent comme si les Américains avaient tous approuvé une démarche politique que les successifs occupants du bureau ovale avaient imposé à leurs compatriotes: la politique étrangère vient avant les problèmes de politique intérieure y compris l’absence de grands débats sur les programmes socio-économiques de la Nation. Tout récemment, les deux se sont fendus d’une très grande profession de foi pro-israélienne. L’un, Mac Cain, lors d’un précédent voyage à Tel Aviv, l’autre, Obama à l’occasion d’un dîner à New-York avec les membres du lobby juif très infl uent aux Etats-Unis. Du reste, l’un et l’autre peaufi nent leurs programmes de politique étrangère avec un abcès de fi xation ; le Proche-Orient, spécialement autour du problème israélo- palestinien et le dossier relatif au terrorisme dans lequel, selon Obama, l’Irak a cédé sa place à l’Afghanistan et l’Iran n’est plus totalement l’empire du mal. En effet, lors d’une rencontre à Kaboul le 20 juillet 2008 entre lui et le président Hamid Karzai après une visite à des soldats américains, Barak Obama a estimé que le véritable front de la «guerre contre le terrorisme» se trouve non pas en Irak mais en Afghanistan et a promis, s’il est élu, l’envoi de 10 000 soldats supplémentaires pour aider ce pays à vaincre les talibans. Mais, les égards particuliers sont réservés à Israël confortant l’opinion selon laquelle, ce sont les votes des juifs américains qui déterminent l’issue des joutes politiques aux Etats-Unis, notamment celle qui comportent des risques majeurs pour la politique israélienne en Palestine. Des deux, c’est Mc Cain qui tire les marrons du feu par l’estime qu’il inspire à la droite israélienne et à certains milieux d’affaires qui parasitent Wall Street et font l’opinion. Il apparait comme l’était Georges Bush, l’inconditionnel ami d’Israël. En revanche Barack Obama inquiète Tel Aviv dès le moment où il a annoncé sa conviction que le dernier iranien, même si l’on ne peut abstraire de la solution, le volet militaire, ne peut justifier un ostracisme improductif vis-à-vis des dirigeants iraniens. Il faudrait bien qu’un jour on se mette avec eux autour d’une table. Cette approche ne plait évidemment pas aux Israéliens pour lesquels l’Iran est un pays ennemi en se basant sur les rodomontades de Ahmedijad, chef de l’Etat iranien lorsqu’il annonce d’«anéantir Israël».

L’atout Obama

Le journal français «Le Figaro» rapporte qu’en Israël, les conversations concernant le sénateur de l’Illinois sont très souvent ponctués d’un «mais savez-vous qu’il est musulman?». Les campagnes de courriers électroniques massives ont fleuri sur la toile israélienne. Ces dernières présentent Barack «Hussein» Obama comme un «antisémite honteux», ou un «musulman caché» qui aurait prêté son sermon de gouverneur sur le Coran au lieu de la Bible et qui serait un disciple du patron de la nation de l’Islam, Louis Farrakham. Et elles ont un réel impact, conclut le quotidien parisien.
Cependant, Obama garde un atout que Mc Cain n’a pas. Le premier est la coqueluche des Palestiniens, toutes tendances confondues. Cette préférence peut déborder les limites de la Palestine pour s’étendre à tout le monde arabe dans la mesure où, à la différence du républicain néoconservateur Georges Bush et de son calque dans le dossier du Moyen-Orient, Mc Cain promet de recentrer le problème palestinien au niveau des préoccupations vitales des Etats-Unis. Compte tenu de l’orientation qu’il y met, en termes de jeu d’équilibre dans la région, il peut remobiliser les responsables arabes autour de son nom. Qui sera l’arbitre ? Les chances sont grandes que les mêmes causes puissent engendrer les mêmes effets. Surtout en pensant que depuis fort longtemps, les péripéties dans la région stratégique du golfe arabique et persique (pétrole et positionnement idéologique obligent) font partie intégrante de la politique intérieure des Etats-Unis.