Le Groupe de la Banque Africaine de développement et la RDC ont signé, le jeudi 9 avril à Tunis, un accord de don de 58 millions de dollars pour la réhabilitation de la centrale électrique d'Inga et des réseaux de distribution d'électricité de la ville de Kinshasa et de ses environs. Une bouffée d'oxygène pour la population congolaise contrainte au curieux système de « délestage ».
Le document de l'accord de financement, qui a été signé par le vice-président de la BAD chargé de l'Infrastructure, du secteur privé et de l'intégration régionale, Mandla Gantsho, et la chargée d'affaires de la RDC en Tunisie, Geneviève Lukusa Kayembe Nkaya, constitue un pas somme toute importante pour une population habituée à consommer l'électricité par intermittence - le fameux délestage - pour cause d'insuffisance de débit et d'état de vétusté avancée des branchements.Lors de la cérémonie à cette occasion, M Gantsho a déclaré que le projet cofinancé avec les autres donateurs, notamment, la Banque mondiale, permettra de renforcer l'efficacité opérationnelle dans le sous-secteur de l'énergie, de stimuler les capacités de production et de transport, de satisfaire la demande intérieure et de soutenir l'intégration régionale, afin de pallier à l'état de délabrement de l'infrastructure électrique et la nécessité d'améliorer l'approvisionnement en électricité en RDC. Pour sa part, Mme Nkaya a souligné l'importance de la centrale électrique d'Inga et le développement économique et social du pays et du bien-être de la population. Le projet porte sur la réhabilitation de 10 des 14 groupes du complexe hydroélectrique d'Inga, la construction d'une ligne haute tension entre Inga et Kinshasa et la réhabilitation et l'extension du réseau de distribution de Kinshasa, dont la réalisation de quelque 50.000 branchements. Le coût total du projet est estimé à 301,36 millions d'UC (1 UC = 1,64450 dollar). Le projet sera financé par le don du Fonds africaine de développement (FAD) de 35,70 millions d'UC, un don de l'Association internationale de développement (l'IDA) de la Banque mondiale, de 193,45 millions d'UC et une contribution du gouvernement de 9,35 millions d'UC. D'autres bailleurs contribueront au reliquat de 72,25 millions d'UC.
Une goutte d'eau dans l'océan
La zone d'intervention du projet couvre ainsi la province du Bas-Congo et la région de Kinshasa bien que la zone d'influence du projet se situe au-delà de ces limites compte tenu du fait que l'énergie qui sera produite dans les centrales réhabilitées servira à l'alimentation d'autres provinces et de plusieurs pays de la région. Néanmoins, lorsque l'on sait que la réhabilitation totale du barrage hydroélectrique d'Inga requiert une somme de vingt milliards de dollars américains, selon la directrice des opérations de la Banque mondiale (BM) pour les deux Congo, Mme Marie-Françoise Nelly, l'accord de don signé à Tunis ne représente qu'une infime goutte d'eau dans l'océan des travaux à réaliser. L'accord de don a néanmoins le mérite d'accorder à la RDC les moyens financiers nécessaires pour la réhabilitation des turbines du barrage d'Inga et la construction d'une seconde ligne de transport d'électricité d'Inga à destination de Kinshasa. De même, il contribuera à l'assainissement de la distribution de l'électricité dans la capitale congolaise et enfin raccorder la plus grande partie de la province du Bas-Congo, qui abrite le barrage, mais dont la population ne bénéficie que très peu de son produit. Selon la Société congolaise d'Electricité (SNEL), en effet, il n'y a plus que six turbines en fonction sur quatorze au site d'Inga, dont trois pour Inga I et autant pour Inga II, alors qu'à l'origine, en 1972, les deux barrages comptaient respectivement 6 et 8 turbines. Malgré le considérable potentiel hydroélectrique dont dispose la RDC, les indicateurs de consommation d'énergie qui sont corrélés avec le niveau de développement, sont des plus bas de la région et du monde. L'arrêt des investissements, conjugué à la croissance de la population, a conduit à une baisse de la consommation d'électricité par habitant, passant de 161 kWh en 1980 à 91 kWh en 2002, tandis que le taux d'électrification s'élève à peine à 6%, comparé à une moyenne africaine de 20%.