Tout avait commencé par l'apparition d'une curieuse ligne éditoriale opérant dans le sens du poil. Elle présentait le leader du mouvement Bundu dia Kongo, le député Ne Muanda Nsemi, comme « un dangereux gourou qu'il faut mettre hors d'état de nuire. L'idée nouvelle émanait de la presse officielle. La même qui va dorénavant se contorsionner à avaliser une autre donne, celle qui voudrait que le mouvement pourtant connu jusque là comme « politico-religieux » soit désormais qualifié de « mystico-religieux ». Les observateurs avertis avaient rapidement décelé la résurgence de la pratique désuète de la désinformation et de l'intox, prélude à une action d'envergure. Comme sous le règne des Soviets, il fallait préparer l'opinion.
Et comme en février 2007 où les forces de l'ordre avaient déjà fait 150 morts dans les rangs des adeptes de ce mouvement protestant contre la corruption de leurs députés provinciaux qui avaient accepté des malles d'argent pour élire un gouverneur proche de Kinshasa, le pouvoir va une nouvelle fois dépêcher des renforts d'unités « d'intervention rapide » venues de la capitale. Elles vont incendier des villages entiers, piller, violer et infliger tous genres de sévices aussi bien aux adeptes de BDK que des innocents, à travers l'ensemble de la Province du Bas-Congo les 28-29 février et le 1er mars 2008. Bilan : 34 morts selon les sources officielles et une centaine pour la Mission de l'ONU sur place.
Pire, toutes ces actions ont été menées sans que les autorités locales ne soient préalablement informées, à croire le maire de Matadi qui l'a déclaré lorsque les forces de l'ordre vont assiéger sa ville et tuer deux personnes, dont un bébé. Il ne faut surtout pas analyser l'armement utilisé devant une population civile désarmée, pour ne pas choquer les âmes sensibles. Blindés, mortiers, lance-flammes et grenades, tout l'arsenal d'une guerre conventionnelle y est passé.