Le calme semble revenu au Tchad après la déroute des rebelles, qui étaient pourtant parvenus à se rendre maîtres d'une bonne partie de N'Djamena et à encercler le palais présidentiel dans lequel Idriss Deby Itno s'était tapis.
Les insurgés tchadiens qui avaient tenté sans succès de renverser le président Deby, au cours d'une violente bataille dans la capitale tchadienne, les 2 et 3 février, ont depuis reflué. Ils se sont repliés dans le sud-est du pays, à croire des sources militaires.
N'Djamena a décrété l'état d'urgence sur toute l'étendue du territoire du Tchad, afin de permettre de «mobiliser tous les moyens humains et matériels disponibles en vue de ramener l'ordre public», aux termes du décret présidentiel.
Mais la Communauté internationale s'est inquiétée de la disparition de l'une des principales figures de l'opposition tchadienne Lol Mahamat Choua, ancien chef de l'Etat et président du comité de suivi de l'accord du 13 août 2007 en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad, enlevé le 3 février à son domicile par des hommes armés à la fin de la bataille de N'Djamena. Il a néanmoins été retrouvé vivant. Par contre, on n'a aucune nouvelle d'Ibni Oumar Mahamat Saleh, ancien ministre et porte-parole de la CPDC (Coordination des Partis politiques pour la Défense de la Constitution) et Ngarlejy Yorongar, l'une des plus anciennes figures de l'opposition et député fédéraliste, enlevés le même jour.
Deby prêt à gracier les membres de l'Arche de Zoé
Alors que la rébellion tchadienne estimait que la France a pris «une lourde responsabilité» en soutenant le Président Idriss Deby Itno et que sa présence au Tchad constitue désormais «un handicap majeur pour la paix et l'avènement d'un régime véritablement démocratique», le Président Idriss Deby affirmait de son côté qu'il était «prêt à pardonner» et à accorder rapidement la grâce aux six membres de l'Arche de Zoé si Paris lui en fait la demande. Dans le même entretien, M. Deby a salué l'aide apportée par la France à son régime, en termes notamment de renseignements, face à l'alliance rebelle qui a attaqué N'Djamena avant d'être repoussée par l'armée régulière.
Sans aucun doute que le Président français Nicolas Sarkozy, qui entamait une visite à N'Djamena mercredi, voudra rentrer à Paris avec ses compatriotes emprisonnés dans l'affaire de l'Arche de Zoé. Même si, de source diplomatique, on précise que les demandes de grâce n'entrent «pas dans les objectifs du voyage». Mais il ne s'agit là que de discours d'usage, la vérité étant ailleurs.
Pour sa part, la rébellion avait estimé que «La France a pris une lourde responsabilité en prenant fait et cause pour le régime dictatorial, répressif, corrompu, mafieux et illégal, en manipulant de bout en bout le Conseil de sécurité (des Nations unies) pour justifier son intervention armée au Tchad». Elle met également en doute la neutralité de la Force européenne (EUFOR), en cours de déploiement au Tchad et en Centrafrique, en raison du rôle moteur joué dans cette opération par la France, demandant aux autres pays européens de s'en retirer.
Selon les insurgés, les chars et les hélicoptères français ont ouvert le feu contre les rebelles partis le 28 janvier du Soudan, au cours des combats des 2 et 3 février. Mais Paris a toujours démenti fermement toute participation directe aux combats.