Avec Nollywood, le Nigeria entend révolutionner le cinéma en Afrique. Et, cela est de bonne guère pour ce pays qui produit en moyenne plus de 2.000 films par an.
Lorsqu'on évoque le nom «Hollywood», on pense aux Etats-Unis (Californie), «Bollywood» à l'Inde (Bombay). Aujourd'hui, l'Afrique à son Hollywood des films : «Nollywood» au Nigéria (Lagos). En chiffres, Nollywood n'est pas mal en termes de production de film et d'emplois générés. 30.0000 personnes employées, plus de 2.000 films dont 1.200 longs métrages produits par an et, cerises sur le gâteau, un chiffre d'affaires frisant les 100 millions d'euros par an. Nollywood, force l'admiration. Cet espace de création, d'inspiration, de production et de diffusion de film est une aubaine offerte aux cinéastes africains pour l'expression de leurs talents. Cette donne a sa raison d'être dans la mesure où les chaînes de télévisions africaines ne se laisseront plus inonder par les films «télénovelas» et autres. Reste que cette industrie de cinéma pioche dans son vécu quotidien pour proposer des films dont les coûts de production et de vente sont à la portée des télévisions africaines. Avec Nollywood, les cinéastes nigérians peuvent produirent, en un temps record et à moindre coût, des films de belle facture prisés par les Africains, surtout ceux de l'ouest du continent.
Le hic de l'affaire
Le revers de ce business est que le Nigéria, pays de plus de 120 millions d'habitants, manque cruellement de salles de cinéma à cause de l'insécurité grandissante dans les différentes villes, de Lagos, Abuja à Kano pour ne citer que celles-là. N'empêche que le «home vidéo» a pignon sur rue et en produire un au Nigeria coûte 222 euros la minute. Soit 20 fois moins cher qu'au Burkina Faso, le pays par excellence du Cinéma africain avec son Fespaco. Parenthèses, cette structure est désormais gérée par un nouveau délégué général en la personne de Michel Ouédraogo, précédemment directeur général des Editions Sidwaya. M. Baba Hama étant appelé à d'autre fonction en tant que directeur de cabinet du ministère de la Santé.
Nollywood, c'est aussi la génération de Stars qui perçoivent au bas mot quelques 150.000 euros par an pour les tournages des films. Cependant, là où le bas blesse c'est l'inconstance religieuse qui mettra sûrement du sable dans le couscous des producteurs et des cinéastes. Avec le phénomène de la charia, nul doute que certaines productions seront censurées et, pire, des stars se verront menacées pour avoir tourné dans tel ou tel autre film jugé «provocant» ou avoir porté atteinte aux bonnes mœurs.
Face à cette situation, il faut en convenir avec Jean François Servant in Le Monde du 30 avril 2005 que «dans cette industrie de l'urgence, à l'image du pire et du meilleur de l'Afrique urbaine, les femmes nigérianes ont trouvé un nouveau moyen de s'affranchir. Qu'elles soient costumières, productrices ou actrices, les histoires de ces femmes sont autant de scénarios. À Nollywood, on trouve d'ex-étudiantes en Droit enchaînant une dizaine de tournages par an, d'anciennes danseuses de musique traditionnelle fuji osant dévoiler leurs courbes malgré la pression religieuse des églises pentecôtistes, des doyennes de comédie yoruba passées par les pièces de Wole Soyinka, ou des starlettes spécialisées dans des rôles de bad girls qui leur collent à la peau. Mais aussi des musulmanes haoussa enfreignant, pour la passion du cinéma, la charia régulant le Nord du Nigeria.» Avec Nollywood, le Nigeria révolutionne l'industrie du cinéma en Afrique. Pourvu que les autres pays lui emboîtent le pas.