Depuis sa qualification pour les quarts de finale, les observateurs ne s'étaient pas trompés : Wilfried Tsonga, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), est bien un phénomène du tennis mondial. À 22 ans, il a atteint la première finale de Grand Chelem de sa carrière.
Le Franco-Congolais Jo-Wilfried Tsonga, 38ème joueur mondial, s'est qualifié à Melbourne pour la première finale de Grand Chelem de sa carrière à l'Open d'Australie, en battant l'épouvantail espagnol Rafael Nadal sans concéder le moindre set, le jeudi 24 janvier, sur un score de correction (6-2, 6-3, 6-2). Son tennis de rêve étalé tout au long de ce tournoi, où il partait pourtant gros outsider, lui a permis de faire mentir tous les pronostics des spécialistes rompus en la matière.
L'exploit d'éliminer Nadal est si éclatant que le N° 2 mondial n'avait pas perdu un seul set depuis le début du tournoi et que les analystes le voyaient allègrement atteindre la finale sans coup férir. Mais les parieurs avides de gros gains devaient certainement avoir misé un petit cent sur le jeune prodige, qui avait, avant de se faire l'Espagnol, déjà sorti trois têtes de série : Andy Murray, Richard Gasquet et Mikhaïl Youzhny.
Tsonga rencontrait dimanche le Serbe Novak Djokovic (N.3), vainqueur vendredi soir de la seconde demi-finale face au Suisse Roger Federer, N° 1 mondial. Premier Congolais mais aussi premier Français à atteindre la finale de l'Open d'Australie, et d'un Grand Chelem depuis Arnaud Clément chez les Français, en 2001, Tsonga ne se trouve qu'à sa cinquième participation. Et comme par hasard, ou son contraire, le dernier vainqueur de l'Hexagone dans un tournoi majeur se trouve être Yannick Noah, à Roland-Garros en 1983. D'origine camerounaise !
Une étonnante et rare décontraction
Eblouissant de bout en bout, Tsonga a surclassé le triple vainqueur de Roland-Garros, réussissant tous les coups du tennis, des aces, des coups droits gagnants mais surtout d'invraisemblables volées dans toutes les positions possibles, selon le reportage réalisé par un confrère français qui précise : « Il a terminé avec 49 coups gagnants, 17 aces et 75 % de réussite à la volée ». Des statistiques si impressionnantes que seuls quelques rares athlètes sont capables de réaliser. Pour ce faire, le Congolais d'origine avait constamment repoussé son adversaire en défense loin de sa ligne de fond, de surcroît avec une étonnante décontraction pour un tennisman à peine classé au 38ème rang mondial.
Les analystes voyaient Wilfried Tsonga capable d'un nouvel exploit, dimanche, face aussi bien à Roger Federer qu'à Novak Djokovic, tant sa prestation face à l'Espagnol été éblouissante et digne des tous meilleurs mondiaux de ces dix dernières années. Mais l'euphorie de sa victoire en demi l'a certainement émoussé, perdant sa finale contre un Djokovic toujours aussi froid, après avoir pourtant remporté le premier set (6-4, 4-6, 3-6, -6). Mais ce phénomène vient néanmoins d'inscrire son nom sur le circuit en lettres d'or.